BON TEST POUR LE Grand Est

Assez peu “Facebook”, je partage ici quelques impressions illustrées sur un périple de découverte dans le Grand Est, un voyage récent (on ne dira pas « frais » pour cause de  canicule).

Voici donc quelques vignettes sur des thèmes d’Alsace Lorraine.

METZ – COULEURS :  BLEU, OR

reflets-de-metz-1Metz, la belle dépoussiérée. L’ex-ville de garnison rénovée est une révélation pour la pierre dorée de sa cathédrale et de sa vieille ville. Le vert des bras ombragés de  la Moselle et des parcs. Bleu ? Les vitraux bien sûr, avec forte composante de rouges.Vitraux Metz

 

Bleu Klein au modèle vivant (centre Pompidou Metz)
Mais aussi, le Bleu Yves Klein. Le peintre niçois est exposé au superbe Centre Pompidou, qui fête ses dix ans cette année. Il avait « breveté » son International Klein Blue (IKB) basé sur le bleu outremer. Ici une modèle, nue, s’est roulée en bleu sur la toile pour créer ce drôle de Rorschach .

Tiens, curieuse symétrie, je porte à Metz une chemisette bleu indigo J’achète au musée le passionnant Livre des couleurs de l’historien Michel Pastoureau

L'homme au bleu flou
L’homme au bleu flou

Des visiteurs peu nombreux en masque bleu ciel réglementaire.

Non loin de Metz, vers Saint-Dié, encore de l’azur. C’est au loin la « Ligne Bleue des Vosges », une expression due au Lorrain laïc Jules Ferry pour désigner  les territoires cédés par la République aux Prussiens en 1870 (voir plus loin). Elle fut reprise par un autre Lorrain, Maurice Barrès, l’écrivain nationaliste de droite.

Au retour, NANCY, élégante capitale historique, intellectuelle, de la Lorraine de mes ancêtres, nous séduira moins que sa rivale (plus prospère), malgré le riche Musée des Beaux Arts, Place Stanislas. Classique, harmonieuse, mais trop minérale peut-être? Même si on respire dans le riche Parc de la Pépinière.

VOSGES, SOMBRES FORETS – VERTES PRAIRIES

De l’air pur enfin dans ces forêts profondes accueillantes à nos bâtons nordiques. Sombres malgré les tâches claires dans la masse des conifères et hêtres touchés par la sécheresse ou tués par des coléoptères “scolytes” . On goûte à la très riche chère des Macaires, les fermes auberges vosgiennes dans les prairies d’élevages aux vaches coquettes (munster, cochonnailles). Végans, s’abstenir. (Cf.  Jacky Durand dans Libération du 14, 15, 16 août).

Bain au lac de Gérardmer. Non sans mal, car c’est bondé, surtout de Français en ce week-end de 15 août très front populaire malgré la pandémie. Longemer tout proche est inaccessible. Foule à Gérardmer

Il semble incidemment  que le nom des Ballons ne vienne pas de leur forme arrondie mais d’un dieu du soleil celte, Bel, que les druides honoraient sur les sommets.

Du ballon d'Alsace
Depuis le ballon d’Alsace

Je replonge dans mon enfance auprès de mon cycliste de père (amateur) sur la spectaculaire route des Crêtes dominant l’Alsace: en égrenant les cols du Tour de France, col du Bonhomme, Ballon d’Alsace, Bussang, la Schlucht (« le gouffre », gare à la chute), etc. De simples cols de 1e ou 2e catégorie par rapport aux monstres des Alpes et Pyrénées, mais il faut quand même se les farcir !

LA GUERRE DES GUERRES

En dégringolant (en voiture climatisée !) la dite route, arrivons au Hartmannswillerkopf (HWK) – un nom imprononçable pour les francophones que les poilus renommèrent « le Vieil Armand ». Sur ces collines assez peu stratégiques eut lieu une des batailles les plus stupides de la Grande Guerre, mais ne le furent-elles pas presque toutes ?? Entre 1915 et 1916, au moins 15.000 soldats français et autant d’allemands trouvèrent la mort et trois fois plus de blessés. Or, ici le  HWK se trouve un des musées franco-allemands les plus réussis de la région – un Historial conjoint avec la Suisse voisine qui explique les origines, les conséquences désastreuses de 14-18, montre les conditions atroces des combats. Aujourd’hui, les tombes et la nécropole s’étalent paisiblement dans la forêt, jadis hachée par les bombes. (En écho pourtant, ma photo du soir est sombre, les drapeaux de France, Europe, Allemagne hésitent à flotter…):Mémorial franco-allemand du Grand Armand (HKW)

Plus loin, en Alsace, je verrai sans arrêt des références aux déchirements passés des annexions et retours de l’Alsace-Moselle (Lorraine) depuis 1870.  Le peintre et dessinateur Hansi (Jean-Jacques Waltz) précurseur de la « ligne claire » de Hergé et des Belges), a attaqué avec humour « les Schwobs, les Boches », mais le « malaise alsacien » dû à une francisation trop rigide a aussi existé.  Autre grand homme de Colmar, le sculpteur prolifique Auguste Bartholdi, père de la Statue de la Liberté de New York, avait lui aussi choisi la France. Il me révèle entre autres dans son beau musée, une  Petite alsacienne de 1883 mélancolique avec un bouquet de fleurs bleu blanc rouge.

La petite Alsacienne au bouquet tricolore (Bartholdi)
La petite Alsacienne au bouquet tricolore (Bartholdi)

Germanophone (et –phile), je ne pourrai m’empêcher de mieux ressentir, en voyant ensuite sur Arte des documentaires sur la guerre de 1870-71, cette humiliation nationale subie – par trois fois – face à des Allemands militaristes qui enfoncèrent les défenses des Français présomptueux et mal préparés (voir aussi les romans de Pierre Lemaître).

Aux Malgré Nous, enrôlés par les nazis
Aux Malgré Nous, enrôlés par les nazis

« ALSACE HEUREUSE », OISEAUX ET VINS

Descente dans la plaine d’Alsace pour plusieurs jours dans la région de Colmar. Après une certaine austérité vosgienne, je ressens dans l’hébergements et dans la rue un sentiment de prospérité et de confort tout germaniques :   Ce qu’expliquent le dynamisme agricole et industriel de la province, le maintien de traditions et le tourisme, les échanges avec les riches pays voisins. Comme en Lorraine d’ailleurs, circulent nombre de voitures immatriculées D, NL, L, BE, CH. Probablement moins de touristes que d’habitude certes – bien que les magnifiques villages de Kaysersberg, Eguisheim, et Riquewihr soient pleins de visiteurs mal masqués.

A Riquewihr, du monde sans masque

A Riquewihr, du monde sans masque

Mais l’inquiétude sur les suites du Covid 19 est grande chez les commerçants : « je suis désespérée, comment va-t-on maintenir les marchés de Noël ? » si courus en Alsace, se désole une marchande de souvenirs de la Petite Venise. Mêmes inquiétudes, selon la presse, à  Strasbourg, la splendide déjà visitée, où il ferait bon vivre.

Oiseaux donc. Pourquoi ce sous-titre ornithologique ?

D’abord, le mot Colmar vient de colombarium (colombier) en latin (mais attention, celui de « colombage » pour les bois apparents des maisons de plusieurs provinces viendrait de « colonne », mot déformé par les siècles.)

Peu audibles hélas, les oiseaux même dans les montagnes et dans les vignobles « empesticidés » (NB. Nous avons nos emplettes de vin blanc chez Odile Weber, qui fait un bon bio sur 4 ha!). Vignes à Kaysersberg

Il y a certes mes chères hirondelles joyeuses et insouciantes.

Et la cigogne mythique  (photos), niche toujours comme dans les gravures de Hansi, sur les toits et clochers. Mais, voilà qu’au restaurant Caveau d’Eguisheim (tarte flambée, jambonneau choucroute, tarte aux myrtilles, pinot blanc et riesling– oui, on ne se refuse rien !), le plaisant serveur s’appelle Abdel : ce jeune Marocain vient de Marrakech. Or là-bas, dans l’Atlas, c’est par centaines, par milliers, que les cigognes migrantes passent un hiver heureux ! On confirme, nous les y avions vues.

Après le Sud, elles reviennent. Europe, France, terres d’asile !!

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